Quels sont les principaux enjeux de la mobilité décarbonée ?
La décarbonation de la route ne se fera pas uniquement grâce aux nouvelles technologies : l’objectif devra aller de pair avec une transformation des usages et des comportements, tout en les accompagnant. Comment donc faire coexister ces démarches ? Tour d’horizon des principaux enjeux et défis auxquels sont confrontés les acteurs de la route.
La mobilité décarbonée, une priorité pour ces prochaines années
La feuille de route du gouvernement destinée à lutter contre le changement climatique, déployée au travers de la fameuse Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), est claire : le secteur des transports est trop émetteur de CO2 et doit être décarboné.
5 leviers sont ainsi identifiés : décarboner l’énergie consommée et adapter les infrastructures associées (1), améliorer la performance énergétique des véhicules (2), maîtriser la croissance de la demande (3), favoriser le report modal vers des modes plus économes en énergie et moins émetteurs (4) et enfin, optimiser l’utilisation des véhicules (5).
Tout un programme donc, si l’on veut atteindre l’objectif de neutralité carbone visé pour 2050. À mi-chemin entre la transformation des usages et la performance énergétique des véhicules et des équipements, les acteurs de la route et les pouvoirs publics se sont déjà saisis de cet objectif qui porte avec lui de nombreux enjeux.
Améliorer la performance énergétique des véhicules
La transformation des véhicules émetteurs de CO2 figure régulièrement parmi les premiers moyens suggérés pour décarboner la mobilité. L’électromobilité est ainsi, et à cet égard, souvent considérée comme LA solution visant à réduire l’empreinte carbone du secteur des transports, et par conséquent participer à l’amélioration de la qualité de l’air.
Pourtant, et bien que la solution soit prometteuse, les freins à son déploiement sont encore nombreux (autonomie des véhicules électriques, maillage des bornes de recharge, batteries, coût des véhicules etc.) faisant à ce jour privilégier une approche complémentaire des solutions.
Les carburants alternatifs bas carbone ou les biocarburants (Bio GNV, GPL, Biogaz, E85, B100, HVO…) ou encore l’utilisation de l’hydrogène – notamment pour les véhicules lourds – peuvent ainsi avoir un rôle important et complémentaire à jouer dans la décarbonation des mobilités.
Améliorer la performance énergétique des équipements et prendre en compte les émissions indirectes générées par la production
Décarboner ne se réduit cependant pas à transformer la source d’énergie des véhicules. Leurs équipements, parfois très gourmands en énergie, sont également concernés par les défis auxquels sont confrontés les constructeurs.
Des initiatives prometteuses sont ainsi menées en parallèle pour réduire la consommation d’énergie de certains équipements des véhicules. On peut songer au développement des pneus à faible résistance au roulement, à la limitation de la taille des batteries ou encore à l’allègement du poids des véhicules par exemple.
Du point de vue des constructeurs et des équipementiers, l’enjeu de la décarbonation est donc à considérer de façon globale. Il représente aussi, et dans cette perspective, l’occasion de résoudre la problématique des émissions indirectes générées par les véhicules.
La question de l’analyse de l’ensemble du cycle de vie des véhicules devient ainsi l’un des enjeux essentiels de la mobilité décarbonée, le bilan environnemental des véhicules et équipements n’étant plus seulement réservé à leur phase d’usage.
Adapter les infrastructures et la route pour accompagner la transformation des usages
De façon plus ou moins directe, la transformation des infrastructures a également un rôle important à jouer dans le défi de la décarbonation des mobilités et de l’incitation à la transition vers des usages plus sobres.
Par exemple, l’augmentation des zones destinées à la mobilité partagée, ou encore le déploiement de voies dédiées au transport collectif à haut niveau de service ou au covoiturage sont autant d’initiatives pouvant être en mesure de fortement inciter les usagers à pratiquer une mobilité partagée et ainsi lutter contre l’autosolisme.
Autre exemple, l’enrichissement du réseau des bornes de recharge des véhicules électriques pourra également agir sur la demande de véhicules électriques en résolvant l’un des principaux blocages à son essor.
L’adaptation des infrastructures a par conséquent également un rôle déterminant à jouer dans la facilitation et l’incitation à la transformation des usages, en accompagnant et en orientant les utilisateurs de la route à aller vers des solutions plus sobres et durables.
L’acceptabilité des changements d’usages, un enjeu social de la mobilité décarbonée
Pour répondre aux objectifs fixés par la SNBC, améliorer la performance des véhicules et des équipements et adapter les infrastructures aux nouvelles mobilités doit aller de pair avec une transformation profonde et structurante des usages.
Promouvoir les mobilités bas carbone auprès des usagers représente cependant peut-être l’un des plus gros défis que doivent relever les pouvoirs publics, en s’appuyant sur les acteurs de la route.
Nos habitudes actuelles sont en effet toujours très largement dominées par la consommation d’énergie fossile et l’autosolisme. La mobilité est par ailleurs un sujet sensible, en lien avec la liberté : il faudra donc nécessairement passer par l’incitation et la pédagogie.
La transition des mobilités devra en ce sens être juste, et inclure les populations les plus précaires, pour ne pas se heurter à des problématiques sociales comme cela a pu être le cas avec le mouvement des Gilets Jaunes par exemple.
Les solutions visant à décarboner la mobilité existent donc, mais elles sont à envisager de façon complémentaire : transformer les équipements et les véhicules, tout en accompagnant et en incitant à la transition des usages, de façon juste et inclusive, pourra permettre de répondre durablement à l’objectif de décarbonation de la route.