Les pneus à faible résistance au roulement, alliés de la décarbonation
La décarbonation des véhicules ne se limitera pas à la transformation de leur source d’énergie, elle doit s’envisager de façon holistique. La transition des équipements peut ainsi grandement impacter l’amélioration de la performance énergétique globale des véhicules. En quoi consistent les pneus à faible résistance au roulement ? Le point avec Alexander LAW, Directeur des affaires publiques de MICHELIN.
En quoi les pneumatiques ils influencent-ils la consommation énergétique des véhicules ?
Il faut d’abord savoir que le pneumatique est le seul point de contact entre le véhicule et le sol : il joue donc un rôle sécuritaire mais aussi énergétique très important puisqu’on estime qu’il représente environ 25% de la consommation énergétique d’une voiture individuelle et 30% de la consommation énergétique d’un poids-lourds. Cela est lié à un phénomène que l’on appelle « la résistance au roulement », elle se traduit par de la dissipation d’énergie. Le rôle que peut avoir le pneumatique dans la décarbonation est donc extrêmement important.
Comment fonctionnent les pneus à faible résistance au roulement et quels sont leurs avantages ?
Les pneumatiques à faible résistance au roulement existent depuis longtemps, les premiers datent de 1992 et, à l’époque, ils avaient été réalisés en réponse à une préoccupation d’ordre économique visant à limiter les dépenses en carburant des usagers. Un pneumatique est représenté par 3 éléments : des matériaux, de l’architecture et de la structure. Du point de vue des matériaux, c’est l’utilisation de la silice qui permet d’améliorer significativement la résistance au roulement sans avoir d’impact négatif sur les autres propriétés du pneumatique.
Garantissent-ils une bonne adhérence et donc la sécurité ?
Il n’y a pas de compromis, un pneumatique doit répondre à toutes les exigences des consommateurs et les étiquettes existent pour garantir cela. Elles donnent des indications sur la performance énergétique, l’adhérence sur sol mouillé mais aussi le bruit des pneumatiques. L’amélioration de la performance énergétique, mise en œuvre par la faible résistance au roulement, ne se fait donc pas au détriment de l’adhérence sur sol mouillé, et donc de la sécurité. En outre, cet aspect doit perdurer au cours de la vie de l’équipement et les tests réalisés au sein de Michelin sont effectués à la fois sur des pneumatiques neufs mais aussi sur des pneumatiques usés pour permettre de garantir cet aspect sécuritaire.
Les pneus à faible résistance au roulement présentent-ils les mêmes avantages pour les véhicules électriques et thermiques ?
Les pneus à faible résistance au roulement ont un impact extrêmement important sur la consommation de carburant pour les véhicules thermiques. Pour les véhicules électriques, cet impact se traduit par un rôle sur l’autonomie de la batterie. Tout gain de la résistance au roulement, même marginal aura un impact non-neutre sur le véhicule.
Comment envisagez-vous le déploiement de cet équipement dans le contexte de la décarbonation des mobilités ?
Au moment de la COP21, le groupe Michelin s’est engagé à réduire sur l’ensemble de ses pneumatiques dans le monde la résistance au roulement de 20% entre 2010 et 2030. Toutefois, La décarbonation n’est pas le fruit d’un seul acteur et fonctionne de façon écosystémique : c’est une approche intégrée de filière qu’il faut avoir, le développement de véhicules neutre en carbone a donc un rôle prépondérant à jouer dans la mobilité décarbonée.
“La décarbonation n’est pas le fruit d’un seul acteur et fonctionne de façon écosystémique”