Le recyclage des batteries des véhicules électriques
Catherine Cabau, coordinatrice du projet REsolutION destiné au recyclage des batteries des véhicules électriques chez Orano nous parle de l’intérêt de la création d’une économie circulaire autour des batteries.
Quel est l’impact environnemental des batteries des véhicules électriques ?
L’impact des matériaux constituant les batteries des véhicules électriques est surtout lié à leur extraction minière. Il est donc important, une fois ces matériaux récupérés, d’éviter d’une part qu’ils ne soient gaspillés et qu’ils puissent être revalorisés d’autre part.
En réalité, quel que soit l’objet ou le matériau que l’on considère, si l’on n’en fait rien, il s’agit d’un déchet. L’objectif, compte-tenu de l’impact environnemental des matériaux nécessaires à la constitution des batteries des véhicules électriques, est donc de pouvoir les recycler au maximum.
Du point de vue de la réglementation [1], l’Europe comme la France misent sur l’électrification des mobilités et portent avec elle une stratégie relative à l’économie circulaire de sorte qu’aujourd’hui toutes les batteries collectées doivent être recyclées et des niveaux élevés de valorisation doivent être atteints. Par exemple, des niveaux minimums de cobalt (16%), de plomb (85%), de lithium (6%) et de nickel (6%) récupérés dans les déchets de fabrication et de consommation doivent être réutilisés dans les nouvelles batteries. Les objectifs de valorisation pour le lithium seront de 50 % d’ici à 2027 et de 80 % d’ici à 2031.
Du côté des constructeurs, de nouvelles contraintes vont également dans ce sens. Ils sont dans l’obligation de récupérer des quantités allant au-delà de 95% de métaux d’intérêt comme le lithium, le cobalt ou encore le manganèse présents dans les cellules et les modules d’une batterie.
Quelle est la place d’Orano, en tant que leader du nucléaire, dans ce contexte-là ?
Notre projet s’inscrit dans le contexte de l’électrification des mobilités et de l’évolution de la réglementation européenne relatives aux véhicules neufs et aux exigences en matière recyclage sur un marché européen et mondial en forte croissance. En tant qu’acteur de la transition énergétique, nous avons voulu être au rendez-vous.
Il cherche en outre à participer aux ambitions d’autonomie que vise l’Europe sur sa chaîne d’approvisionnement en termes de métaux stratégiques, mais aussi de réindustrialisation de la France, à la faveur de la conversion du modèle thermique vers un modèle majoritairement électrique.
Nos savoir-faire et nos compétences étant en ligne avec ce besoin, puisqu’elles se situent notamment autour du recyclage de matières stratégiques, l’hydrométallurgie, la chimie des matériaux et l’industrialisation des procédés, nous avons voulu les valoriser pour nous inscrire durablement au sein de ce nouvel écosystème.
Il s’agit pour Orano de travailler à la mise au point d’un procédé vertueux, bas carbone, de recyclage des matériaux présents dans les batteries électriques non seulement en tant qu’acteur de la transition énergétique mais aussi pour valoriser les compétences internes du groupe.
Concrètement, quel est le projet porté par Orano en matière de recyclage des batteries des véhicules électriques ?
Intitulé REsolutION, notre projet a vocation à participer à la récupération des matériaux d’intérêt présents au sein des batteries en vue de leur réutilisation dans de nouveaux composants. Il a démarré au travers d’une petite structure projet qui commence aujourd’hui à s’étoffer.
Ce qui n’était au départ qu’une initiative a donné lieu à un partenariat scientifique avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble qui a débouché sur un laboratoire commun et la préparation d’un programme de recherche sur la mise au point d’un procédé vertueux.
La faisabilité du projet ayant été validée au stade laboratoire, nous en sommes à l’échelle pilote industriel, implanté à Orano Bessines-sur-Gartempe (Vienne). . Si là aussi les résultats sont concluants, il s’agira de passer à l’échelle industrielle à partir de 2026. Tout ce travail, nous le réalisons aussi grâce à des financements au niveau national, de la région Nouvelle-Aquitaine et le soutien du plan France Relance, mais aussi au niveau européen, et son programme européen Horizon Europe dédié à la R&D et l’innovation, au travers de consortiums (Batraw, Respect).