Transport de marchandises et économies d’énergie
Pour Pierre Lupoglazoff, en charge du programme EVE (Engagements Volontaires pour l’Environnement) destiné à sensibiliser, former et accompagner les acteurs professionnels du transport et de la logistique à l’amélioration de leur performance énergétique et environnementale, la décarbonation du secteur doit d’abord passer par la mise en place d’actions visant à économiser l’énergie consommée par le secteur.
Quels sont selon vous les principaux leviers pour décarboner le secteur du transport routier de marchandises ?
Assez simplement, je dirais que décarboner le transport routier revient dans un premier temps à optimiser et à gagner en sobriété. L’énergie la moins carbonée étant celle que l’on ne consomme pas, je pense qu’à très court terme et d’ici à ce que l’énergie proposée soit décarbonée, il est important de travailler à optimiser. Cela fait partie des objectifs poursuivis par le programme EVE.
En parallèle, il convient évidemment de travailler sur les motorisations pour essayer de proposer des carburants moins émetteurs de gaz à effet de serre ou d’autres technologies plus en rupture comme l’électrique. Mais pour l’instant, les premières actions des transporteurs, accompagnés au travers du programme EVE, consistent à poursuivre un objectif de réduction des consommations.
Cela passe notamment par des programmes de formation à la conduite économique ou à l’optimisation de l’entretien des matériels par exemple. Et bien entendu, cela se traduit aussi au travers d’une réflexion sur l’optimisation des flux logistiques et du chargement. Décarboner le secteur du transport routier c’est tout cela combiné mais, à mon sens, c’est déjà faire en sorte que le secteur consomme moins.
Quels sont les principaux freins rencontrés par les acteurs du transport routier de marchandises ?
Il y a un problème de court-terme et un problème de moyen-terme. Tous les transporteurs sont bien évidemment conscients de l’enjeu relatif à la décarbonation du secteur routier et des objectifs poursuivis à l’échelle nationale ou européenne. Ils sont très au clair avec le fait qu’un jour il faudra arrêter de rouler au diesel.
Toutefois, à court-terme ces entreprises de transport doivent tout simplement assurer leurs fins de mois dans le contexte de la crise de l’énergie que l’on connaît en ce moment. À moyen terme, aucune énergie de transition ne semble par ailleurs émerger par rapport à une autre, les acteurs sont donc un peu désorientés et en attente d’un éclairage pour faire les bons choix.