La réconciliation des différents usages de la route par l’intermodalité
Le constat est plutôt clair : la décarbonation des mobilités doit se faire au travers de solutions complémentaires et les acteurs de la route doivent travailler ensemble à leur développement.
L’amélioration des performances énergétiques des véhicules et des équipements devra ainsi être conjuguée avec une transformation profonde des usages et la mise en place d’infrastructures l’accompagnant progressivement.
L’intermodalité constitue en ce sens une perspective intéressante. Elle désigne l’utilisation de plusieurs modes de déplacement pour un seul trajet. En d’autres termes, l’intermodalité consiste à se déplacer ou déplacer une marchandise d’un point A à un point B en utilisant successivement différents moyens de transport.
Elle représente ainsi une solution prometteuse du point de vue de la décarbonation des mobilités en diminuant le trajet réalisé au moyen d’un seul véhicule émetteur de CO2 et en participant à la fluidification du trafic. En parallèle, elle permet de transformer les usages de façon graduelle et durable en initiant doucement de nouvelles habitudes de déplacement et de transport.
Du côté des particuliers, l’intermodalité permet de réduire l’usage de la voiture
En 2020, plus de 85% du total des kilomètres parcourus en France ont été réalisés en utilisant la voiture particulière et le deux-roues[1]. La route est donc encore très largement dominée par l’usage de la voiture, et faire évoluer des habitudes ancrées peut prendre du temps.
L’intermodalité offre ainsi une solution durable qui a le mérite d’être progressive et de ne pas trop bouleverser les habitudes de déplacement. Pour les trajets des particuliers par exemple, elle ne propose pas d’abandonner complètement la voiture, mais de la rendre complémentaire à d’autres modes de déplacement à l’empreinte environnementale réduite.
Et du côté du transport de marchandises ?
Le transport intérieur de marchandises est également très largement dominé par la route qui représente 88% du total des circulations[1]. L’intermodalité, plus souvent évoquée pour ce secteur par le terme de « transport combiné » lui offre cependant les mêmes avantages.
Le transport combiné vise ainsi à utiliser, pour transporter des marchandises en conteneur, les voies ferrées ou d’eau pour la majorité du trajet réalisé, pour ensuite parcourir les derniers kilomètres par la route. Il permet ainsi de limiter l’utilisation des camions, et donc les émissions de carbone.
Les défis du développement de l’intermodalité
Pour être séduisante, l’intermodalité doit cependant répondre à un certain nombre d’enjeux. Les solutions alternatives à l’usage de la voiture – ou de la route pour le transport de marchandises – doivent en effet être concurrentielles, peu contraignantes et présenter un intérêt pour les usagers.
L’intermodalité doit ainsi permettre le maximum de fluidité à l’occasion des changements de mode de déplacement ou de transport. Pour Blaise Rapior, Directeur général adjoint de VINCI Autoroutes, « l’idée est que le parking de la voiture soit directement en face du quai de métro, de tramway ou de train. ».
Le temps de changement ou de transfert, aussi appelé « rupture de charge » est en effet vu comme l’un des principaux freins au déploiement de l’intermodalité. Lutter contre l’attente ou la rendre moins pénible fait ainsi partie des défis que doivent relever les pouvoirs publics aux côtés des acteurs de la route.
Le déploiement des pôles d’échanges multimodaux a, dans ce contexte un rôle important à jouer. Ils consistent à connecter les différents modes de transport et doivent être en mesure de permettre de faciliter les correspondances en limitant au maximum le temps de passage d’un mode à un autre.
Du point de vue du transport collectif, les terminaux de transport combiné présentent le même intérêt à la différence près qu’ils doivent en plus être organisés pour permettre facilement le déplacement et la manutention des conteneurs.
L’intermodalité constitue ainsi une solution intéressante pour contribuer à décarboner la mobilité. En initiant de nouvelles habitudes, elle permet en effet de ne pas imposer un changement trop brutal des habitudes.
Pour constituer une solution séduisante, elle doit toutefois relever un certain nombre de défis du point de vue des aménagements et des infrastructures (au travers du déploiement des pôles d’échanges multimodaux notamment) et de l’intérêt des offres alternatives.
“L’idée est que le parking de la voiture soit directement en face du quai de métro, de tramway ou de train”