Comment se dessinent les nouveaux usages de la route ?
L’autosolisme – ou le fait de circuler seul dans sa voiture – a-t-il encore de beaux jours devant lui ? A priori, le contexte récent conduirait à répondre par la négative. De nouveaux usages de la route semblent en effet se profiler à l’horizon, et tant mieux pour la planète. Quels sont-ils ? Petit lexique à destination des futurs « écomobilistes ».
La hausse du prix de l’énergie, le coût des véhicules ou encore la congestion des zones périurbaines, combinés à la prise de conscience globale des enjeux environnementaux des déplacements tendent à annoncer la couleur de la mobilité de demain : elle sera verte, ou plutôt décarbonée. Dans ce contexte, de nouveaux usages et de nouvelles habitudes se dessinent.
Ces derniers ont par ailleurs été accélérés par la crise sanitaire qui a contribué à transformer et renverser un peu plus les habitudes de déplacement. Le recours de plus en plus accru au télétravail par exemple tend en effet à participer à transformer les usages et ainsi enrichir les possibilités visant à décarboner la mobilité.
Le covoiturage
Le covoiturage représente une solution intéressante pour répondre aux problématiques soulevées par la mobilité d’aujourd’hui, encore largement dominée par l’autosolisme (puisqu’on estime que plus de 8 personnes sur 10 réalisent leurs trajets du quotidien seules dans leurs voitures[1]). Il consiste pour un conducteur à partager son trajet avec un ou plusieurs passagers se rendant dans la même direction.
Chaque jour, ce ne sont pas moins de 900 000 personnes qui pratiquent le covoiturage pour aller travailler. Pourtant, on estime à seulement 3% la part du covoiturage au quotidien[2], et ce, bien qu’il représente une solution extrêmement prometteuse pour répondre aux enjeux de la mobilité décarbonée.
Il participe en effet à diminuer le trafic, et donc à le fluidifier, mais aussi à décarboner la route en divisant les émissions de CO2 générées. Économiquement, le covoiturage constitue en outre une option intéressante pour les ménages. Et plus largement, il peut également contribuer à pallier le manque de transports collectifs dans certaines zones délaissées.
L’autopartage et la location courte durée
L’autopartage consiste pour plusieurs usagers à partager un même véhicule mis à disposition en libre-service par un opérateur privé ou une collectivité territoriale. C’est un service payant qui offre plus de flexibilité que l’offre traditionnelle de location courte durée en permettant à ses abonnés de les emprunter à n’importe quel moment de la journée.
L’autopartage – au même titre que la location courte-durée – constituent en ce sens des solutions prometteuses du point de vue de la mobilité décarbonée. Elles répondent davantage aux besoins réels et ponctuels des usagers et permettent ainsi de limiter les émissions de CO2 générés par l’utilisation de voitures individuelles et favoriser le report modal.
D’après une étude réalisée par l’ADEME et le Bureau d’Études 6-T, l’autopartage permettrait ainsi à chaque abonné de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de l’ordre 10% et remplacerait l’usage de 5 à 8 voitures particulières limitant de ce fait la circulation et la place de la voiture dans l’espace public[3].
L’intermodalité et la multimodalité
L’intermodalité désigne l’utilisation de plusieurs modes de transports complémentaires pour un même déplacement. Elle se distingue, tout en ayant des points communs avec, du concept de multimodalité qui quant à lui désigne la présence de différents modes de déplacement dans un même lieu.
Favoriser l’intermodalité fait ainsi partie des enjeux de la mobilité décarbonée, notamment du point de vue de ses aménagements. En offrant une offre de déplacement multimodale, les pouvoirs publics et acteurs de la route initient le questionnement de l’intérêt du véhicule individuel.
Sans le bannir toutefois, l’intermodalité permet en effet d’impulser une limitation de son utilisation, à condition de proposer aux usagers des solutions optimales et fluides. Elle permettrait ainsi d’amorcer une transition douce vers d’autres formes de déplacement.
En résumé, une mutation des mobilités semble doucement s’opérer. L’enjeu pour ces prochaines années sera de lui donner l’élan nécessaire pour qu’elle puisse peser dans la décarbonation des mobilités.