L’enrobé à température abaissée, haut potentiel environnemental
Les enrobés à température abaissée, aussi appelés « enrobés tièdes » permettent de diminuer la consommation d’énergie nécessaire à leur fabrication et donc, les émissions de gaz à effet de serre associées. En quoi consistent-ils ? Brice Delaporte, Directeur adjoint des affaires techniques de Routes de France nous explique.
Quel est l’impact environnemental des enrobés ?
Il faut d’abord avoir à l’esprit le fait que l’impact environnemental des enrobés varie en fonction d’un certain nombre de paramètres comme la température de leur fabrication, la teneur en eau des matériaux, la quantité de bitume présente ou encore l’énergie utilisée pour chauffer les granulats par exemple. Ainsi, selon les matériaux utilisés et le processus de fabrication employé, l’impact environnemental des enrobés ne sera pas forcément le même.
En quoi consistent les enrobés à températures abaissées ? Garantissent-ils des performances équivalentes aux enrobés traditionnels ?
L’enjeu de ces vingt dernières années a été de développer des enrobés dont la température est moins importante mais qui conservent des performances mécaniques et de durabilité équivalentes aux enrobés traditionnels. Quand on parle d’enrobé à température abaissée on parle ainsi d’un enrobé de 20 à 30 degrés inférieurs à la température des enrobés classiques.
Pour fabriquer des enrobés à température abaissée deux types de procédés existent. Le premier consiste à utiliser un additif qui va permettre d’influencer la viscosité et la mouillabilité du bitume et donc, sa capacité à enrober le granulat à une température équivalente. Le second procédé consiste quant à lui à ajouter une petite quantité d’eau pour former de la mousse, c’est ce qu’on appelle le moussage.
Quel est l’intérêt des enrobés à température abaissée dans la décarbonation de la route ?
Au moment de sa fabrication, les procédés d’abaissement de température permettent de réduire la consommation d’énergie au niveau du brûleur de 10 à 12%, et donc, autant sur les émissions de gaz à effet de serre. À la sortie d’usine, en considérant tous les procédés amonts, cela représente une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6 à 8% sur l’enrobé.
Le programme de recherche MURE (Multi-recyclage des enrobés tièdes) a par ailleurs permis de démontrer que les performances des enrobés à température abaissée sont équivalentes à des taux de substitution pouvant aller jusqu’à 40 voire 70% en allant du début à la fin de la chaîne de production et d’application.
“À la sortie d’usine, en considérant tous les procédés amonts, cela représente une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6 à 8% sur l’enrobé.”
Quelle est la part de la production des enrobés à température abaissée en France ?
Tous les ans, Routes de France publie un rapport intitulé « Bilan environnemental ». Pour 2020, il y est indiqué que la part des enrobés fabriqués à partir d’un procédé d’abaissement de température était de 12,1%.
- 82 %
des enrobés tièdes ont été fabriqués en utilisant la technique dite du moussage
- 18 %
des enrobés tièdes ont été fabriqués en utilisant l’additivation du bitume
Le rapport nous indique enfin que la production d’enrobés à température abaissée reste assez stable depuis un certain nombre d’années et ce, malgré une volonté de redynamisation du procédé de la part des acteurs des infrastructures routières.
Face aux enjeux environnementaux actuels auxquels la route est confrontée, faudra-t-il s’attendre à un accroissement du recours à cette technique ces prochaines années ?