Quelles énergies et quelles technologies pour la mobilité routière de demain ?
Alors que le 8 juin dernier le parlement européen votait la fin de la vente de voitures neuves thermiques pour 2035, 99% du parc français de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers était encore équipé de motorisations thermiques en 2020. Comment donc réussir le pari de transformer, en moins de 15 ans, un parc tout entier ?
Quelles seront les technologies et les énergies pour la mobilité routière de demain ? C’est la question qui a été posée aux intervenants d’un webinaire organisé par l’URF le 15 septembre 2022.
La fin des énergies fossiles ?
Pour Mathieu Soulas, SVP Strategy & Supply chez TotalEnergies « le mix énergétique est en train de se réinventer (…) [et] va devenir beaucoup plus complexe ». L’objectif de neutralité carbone visé pour 2050 sera atteint grâce aux biocarburants, au biogaz, à l’électricité mais aussi aux fiouls du futur comme l’hydrogène vert ou recombiné et les e-fuels.
Pour lui, « suivant les usages, on va avoir des technologies très différentes ». Du côté des véhicules légers, il faut s’attendre à ce que l’électrification soit majoritaire. Pour les véhicules lourds comme les camions, qui ont quant à eux besoin de plus d’intensité, « il y a encore beaucoup d’incertitudes » mais les fiouls liquides composés de biocarburants et l’hydrogène représentent des solutions intéressantes.
“le mix énergétique est en train de se réinventer et va devenir beaucoup plus complexe.”
Quels changements pour les véhicules lourds ?
Pour Henri Paccalin, Président de Mercedes-Benz Trucks France, les émissions des camions et des utilitaires représentent finalement une part assez faible du total des émissions générées par le secteur du transport, et la très grande majorité des émissions nocives a disparu avec la norme euro VI. Pour autant, le secteur subit une « pression impressionnante avec des budgets colossaux » qui devrait être accentuée avec l’arrivée de la norme euro VII et le sujet des ZFE qui pose d’importants problèmes d’harmonisation et de calendrier.
Pour lui, « on est tous d’accord sur l’objectif de rendre notre planète plus verte » mais « le basculement d’une solution à l’autre ne se fera pas instantanément et exigera une période de transition de plusieurs années ». Pendant cette période, l’utilisation de biogasoils deuxième génération, de biogaz ou de biocarburants pourraient être des atouts intéressants et permettre, à terme, de proposer des véhicules fonctionnant majoritairement à l’électricité, à l’hydrogène ou au biogaz.
“le basculement d’une solution à l’autre ne se fera pas instantanément et exigera une période de transition de plusieurs années.”
Et pour les véhicules légers ?
Pour Fabrice Devanlay, Directeur des affaires publiques de Ford France & Bénélux, le secteur fait face à une transformation sans précédent. Le moment est historique, « c’est une rupture extrêmement importante et qui impose de la part des constructeurs des investissements majeurs ». Mais alors quelles sont selon lui les solutions à déployer pour atteindre la neutralité carbone et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des mobilités routières ?
À court terme, l’E85 représente une solution intéressante à déployer dès à présent, « c’est une énergie de transition entre aujourd’hui et le tout électrique » qui a par ailleurs l’avantage d’être « économique, écologique et patriotique puisqu’elle est produite majoritairement en France ». À moyen terme, l’électrification des véhicules sera incontournable et est d’ailleurs déjà enclenchée. Pour lui cependant, elle devra aller de pair avec une modernisation très forte des infrastructures. Il ne s’agit pas seulement de se concentrer sur la décarbonation des équipements, mais d’adopter une approche vertueuse et globale de l’ensemble de la production.
“C’est une rupture extrêmement importante et qui impose de la part des constructeurs des investissements majeurs ”
Pour Thierry Métais, consultant indépendant spécialiste des sujets mobilité et transport, « la mobilité, on est obligé de la prendre d’une manière holistique pour essayer de tout résoudre en même temps ».
Transformer les mobilités routières ne se réduira donc pas à une solution miracle, mais devra prendre en considération la multiplicité et les particularités des usages, des secteurs, mais aussi de la demande avant d’arriver à un nouvel équilibre décarboné.